dimanche 15 mars 2009
Aïe
Vous le savez peut-être, quand je décide de m'intégrer dans une culture, je fais les choses jusqu'au bout : à Berlin, je m'habillais avec des habits dont je me suis depuis débarrassée et des mini-jupes associées à des grosses baskets (écrases-merdes, comme dirait mon grand-père) sans complexe. Je passais mon temps dans les cafés et je me promenais en vélo.
A Providence, muffin le matin et tasse thermos de thé, je m'en allais en cours.
A New York, donc, j'ai délaissé mon thermos de thé parce que le métro est trop plein et que je veux que mes mains soient libres, soit pour utiliser mon iPhone (New Yorkaise que je suis, je me dois de tapoter dessus frénétiquement), soit pour lire (activité internationale, c'est rassurant). Je me maquille dans le métro (ça c'est ma touche française que j'ai traînée à Berlin aussi, et qui ne semble pour le coup pas internationale), et je prends une seconde paire de chaussure quand il pleut.
Grande tradition ici : les américains s'habillent bien au travail, mais ils aiment le confort. La rue ne semble pas être un terrain d'exposition pour tous et toutes ces filles qui portent des bottes UGG (ça ce sont de vrais écrases-merdes) et des baskets de sports ou encore des bottes en caoutchouc (seul le dernier cas me concerne, rassurez-vous). Sachez qu'elles ont en fait des chaussures à talons ou des ballerines dans leur sac !
Nombreuses sont les femmes (et les hommes ?) qui ont plusieurs paires de chaussures au travail, parce qu'elles (et ils ?) ne viennent qu'en "tenue confort".
Je suis allée aux toilettes à mon arrivée l'autre jour et j'ai vu qu'une femme qui mettait son jean sur la porte (voir photo - ce n'est pas à mon travail, mais les toilettes permettent de voir les pieds et, si tel est le cas, un pantalon accroché sur la porte), puis j'ai aperçu deux paires de chaussures au sol ! La tenue confort est de mise jusqu'au dernier moment.
Ça m'intrigue un peu, parce que trouve l'idée de croiser quelqu'un en pyjama (oui j'exagère) dans l'ascenseur assez gênante, et c'est un risque quand tout le monde commence à la même heure et qu'il n'y a que deux ascenseurs pour tout le bâtiment.
Aussi, l'ascenseur ne compterait pas comme zone de "tenue correcte exigée" ?
Pour ma part, j'ai adopté la solution des bottes en caoutchouc comme tout le monde lorsqu'il pleut (je ne me souviens plus de comment on fait à Paris) et j'ai emmené mes chaussures bâteau avec moi l'autre jour, les enfilant dès mon arrivée.
Note aux fronceurs de sourcils : ici, les chaussures bâteau n'ont pas la même connotation qu'en France. C'est un accessoire très fashion et sophistiqué et j'avoue que je ne vois pas ce qu'on leur reproche, parce que je les aime de tout mon coeur américain, à présent.
Je devrais revenir sur le concept du changement d'habits selon les circonstances, mais je m'égare vraiment trop de mon intention intiale : détailler mon intégration.
J'ai donc décidé de me faire aux moeurs locales et j'ai dû me mettre aux yaourts avec fond de fruit et texture jamais aussi onctueuse qu'un Yoplait, j'ajoute aussi des germes de je ne sais quoi (appelés Sprouts) dans mes salades et j'apprécie le beurre de cacahouhète mêlé à la confiture (si si, c'est délicieux), les bagels au cream cheese et les cookies du pays.
Vous me trouverez cependant résistante sur les frites à outrance, hot dogs, jus de fruits bizarres et surtout sucrés, pâte à pain en tube de carton, macaroni et fromage en poudre - le pire étant le fromage coulant en conserve - ignoble comme concept - et j'en passe un certain nombre.
Si la gastronomie est un point assez douloureux dès que je suis hors de France, d'Espagne, d'Italie ou de Grèce, j'en reviens au reste que j'épouse avec perplexité face à moi-même.
Ici, c'est : la salle de sport.
Ça y est, j'ai franchi le pas et je fais du sport sur des machines en observant tous ces gens pour lesquels ça semble être quasi-inné et qui restent impassibles pendant très longtemps, tandis que je souffle, soupire, et ne vais pas tellement au-delà du découragement pour repousser mes limites corporelles.
Les américaines parlent toutes de l'émission qu'elles ont vu pendant qu'elles couraient à la gym, tout le monde se ballade avec un sac de sport ou un tapis de yoga en plus de son sac à main. On s'exerce avant le travail plusieurs fois par semaine pour les psychopathes, après le travail pour le commun des mortels (élevé aux hormones transgéniques, donc bien plus résistant que nous autres faibles français qui ne descendons qu'à peine des Vikings, pour ne pas arranger les choses).
Mais voilà, tout le monde va à la gym et celui qui n'y va pas n'est pas sain, parce qu'on sait bien qu'il faut faire du sport pour rester en forme, ce que l'on veut évidemment. Le vélo pour se déplacer à travers la ville n'est pas une option, mis à part pour les livreurs en tous genres (ce n'est pas une solution écologique, mais économique) qui peuvent se mettre en danger parce que sinon on les renverra au Mexique. De mon côté, je m'en tiens aux transports en commun.
Ainsi, éponge que je suis, j'ai l'accent américain (assez francisé tout de même), je jure plus que je ne le devrais avec le plus grand naturel et je me suis inscrite dans un circuit de salle de sport.
Je suis une des leurs : hourra.
Je déteste à un point quasi ontologique le fait de courir qui ne m'apporte qu'un sentiment de pénibilité et de contrariété, mais la société américaine aime se défier, alors je me défie aussi ! Je monte régulièrement sur un tapis roulant (ok, un tapis de course) pour me défaire de ces vieux griefs. Je ne sais si en dépassant 15 minutes, je passerais à un stade supérieur, qui me ferait découvrir les joies de la course, mais pour l'instant je ne peux consacrer plus de temps à une telle activité !
Aujourd'hui, après une semaine passée à tenter d'aller dans des piscines dont les les portes étaient fermées (en me levant plus tôt pour y aller avant de travailler ! On ne récolte aucune contre-partie positive faca à une porte fermée quand on s'est prématurément extirpé des bras de Morphée), je me suis lancée : "conditionnement total du corps".
Moi qui n'avais jamais mis les pieds dans un cours d'aérobic ou autre activité de ce genre, je ne peux m'empêcher de me demander dans quelle mesure les américains font une fois de plus les choses en grand : je n'ai jamais autant sué de ma vie en si peu de temps.
Je n'avais jamais eu à avoir recours à une serviette pour m'éponger le visage et j'ai eu du mal à attraper ma veste tellement mes bras étaient épuisés après cet exercice. Bien sûr, la prof souriait en hurlant "Allez, les poids de 5 kilogs en levant les bras et les jambes et en sautant d'un pied sur l'autre 20 fois !"
Là aussi j'ai observé mes camarades de souffrance : beaucoup de sueur, des signes de douleur (ah, on faiblit !), mais jamais de regard affolé sur la pendule par l'idée que ça ne fait que 10 minutes que ça a commencé et qu'il en reste encore 45 à tenir.
Je me suis aussi rendue compte que je suis la seule à ne pas pouvoir faire de pompes. Quelle honte, vu l'air sportif que je semble avoir (selon les gens qui pensent que c'est un compliment ou que je suis une vraie sportive).
J'ai déjà des courbatures, je crains mon réveil et les journées endolories à suivre.
En plus, je vis avec l'angoisse de me transformer en une personne à laquelle on ne demandera plus si elle fait de la natation, mais du culturisme !
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5 commentaires:
Moi ça me fait envie, surtout la partie nourriture, metro....et culturisme..
M.
Hihihi. : D
Cela dit, moi je suis sûr qu'avec un entraînement pareil, tu arriveras un jour à faire des pompes (ce sera le symbole ultime de ton américanisation !).
Sinon. Hum. Je ne ferai pas de commentaire sur les chaussures bateau ou le combo peanut butter / confiture, parce que je suis quelqu'un de curieux alors, laissons leur une chance...
pourquoi as-tu mis une photo de moi en bas ?!
hehe allez courage pour l'aérobic pense à toutouyoutou !
ouaaaais ! on a retrouvé clémentine chez les américains ! gloire à Toi Seigneur !
il pleut jamais pareil en France
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