jeudi 25 septembre 2008
Stay back !
Aujourd'hui, Clémence et moi avons pris notre dernier cours de self defense, spécialité "viol".
Ainsi, pendant 4 sessions (dont une que j'ai plus ou moins sechée ne voyant pas les profs arriver, je suis allée faire du basket toute seule et j'ai dit que j'étais déjà en train de jouer quand elles m'ont rappelée - ne croyez pas que je n'ai pas d'amis, mais le basket n'attire pas grand monde à part moi-même !), nous avons appris à nous défendre contre l'homme malveillant qui chercherait à abuser de notre personne.
Personnellement, je ne suis pas très craintive et je n'ai jamais eu de problème particulier, sans avoir pour autant fait preuve d'une vigilance particulière lors de mes sorties. Ceci dit, on n'est jamais à l'abri d'un risque et comme ce cours motivait beaucoup Clémence, je l'ai suivie.
(Lorsque j'ai expliqué ça en me présentant au cours, les profs (2 femmes) m'ont regardée en secouant la tête : "quelle inconsciente ! Se disaient-elles" "Et ça arrive ! M'ont-elles dit".
Bref, avec Officer Pat et Tammy, deux policières un peu vulgaires mais qui connaissent bien leur boulot, ça ne rigolait pas.
Le premier cours, j'étais moi aussi atterrée par leur discours :
"La philosophie du RAD (nom de l'atelier) : Développer et améliorer les options de selfdéfense, pour qu'elles deviennent des considérations viables pour la femme qui est attaquée".
Sur un ton moralisateur "Vous y avez peut-être déjà pensé... Ou peut-être pas..."
"Je sais que je suis vulnérable, parce que je suis une femme".
"Vous allez découvrir que vous avez un tigre qui sommeille en vous ! Et vous allez le faire s'exprimer ou je le ferai moi-même !"
"Ce sont des jeunes hommes ! Ils pensent avec leur pénis !"
Tout ceci sur un ton plutôt autoritaire avec l'air d'avoir vu plus d'une ignorante ou mijorée...
Il est vrai que le taux d'agressions sexuelles est apparemment anormalement élevé sur les campus américains. Il faut cependant noter qu'il y a beaucoup de jeunes filles qui découvrent l'alcool à l'université (puisqu'on a pas le droit de boire avant 21 ans ici) et qui ne connaissent pas leurs limites. Il en est de mêmes pour les garçons.
Aussi, il y a tout un tas de jeunes inconscients qui découvrent la vie, quand nous autre Européens n'en avons déjà plus rien à faire, si tant est que ça nous ai jamais intéressé...
Petite parenthèse pour celles et ceux qui s'inquiéteraient pour ma sécurité : n'oubliez pas que je suis responsable !
Pour ce qui est de la part de risque inévitable, ben... On a juste à faire attention et à savoir quand hurler "Stay back !"
Je reviens donc à mon cours qui a provoqué en moi quelques fous rires retenus, tellement mes profs me semblaient être des carricatures de femmes émancipées, et qui ne se laissent pas faire. Je trouve ça très honorable, mais vraiment pas très classe, si c'est ça...
Nous avons cependant appris tout un tas de coups auxquels je n'aurais jamais pensés, ainsi que comment les répartir, comment utiliser sa force dans différentes situations, etc.
Aujourd'hui, dernier jour : la mise en situation !
Fini le petit coussin sur les avants bras d'Officer Pat, place au policier baraqué qui va voter pour McCain - mais ça c'est une autre histoire.
Nous avons toutes enfilé un tas de protections, parce que bon, il ne s'agit pas de prendre plus de risques qu'il n'en faut non plus, et avons découvert Mr. Je-sais-plus-son-nom-mais-il-avait-vraiment-un-humour-pas-drôle qui était lui-même protégé des pieds à la tête. Vraiment en entier, recouvert du même genre de protections que nous. Sauf que comme il devait se faire tabasser, il devait être plus protégé. Je n'ai pas pu prendre de photos de lui, malheureusement.
J'avais déjà fait vaciller ma prof la dernière fois, mais à celui-là, je lui ai fichu une raclée !
Au début, je n'avais pas compris qu'il fallait se débattre et s'échapper au plus vite : je me suis mise à le tabasser dès qu'il a lâché mon bras.
Puis Pat' m'a dit que je devais m'enfuir, c'était le plus important ! On a recommencé, avec plusieurs cas de figures où je lui ai montré de quel bois je me chauffais et comme les muscles qui m'avaient donné tant de pouvoir au lancer de poids étaient toujours là, prêts à s'emballer.
Pour ce qui est du tigre, Pat' n'en a pas reparlé mais Tammy ne manquait pas de nous rappeler de hurler "NO !" à chaque coup frappé :
- Coup de pied "NO !"... Coup de poing "NO !"... Coup de genou "NO !", jusqu'à ce qu'on soit libre...
Personnellement, j'avais un peu de mal avec ce concept.
Le gros point noir du cours, c'était l'espèce de jubilation qu'elles semblaient ressentir en nous racontant des histoires horribles qui ne pouvaient qu'accroître une paranoïa éventuellement existante ou la faire naître si elle n'existait pas !
Je ne vous en ferai pas part, parce que je suis profondément contre ces pratiques de politiques de la peur.
Une fois de plus, j'ai pensé au fait que les américains pensent que l'être humain est par nature ignorant et qu'il faut donc lui apprendre, lui expliquer, et lui dicter ce qu'il doit faire.
C'est ainsi que j'interprète les explications omniprésentes pour tout ce qu'il faut faire, depuis commander un sandwich jusqu'à la démarche administrative la plus compliquée en passant par le sens dans lequel valider son ticket de bus...
Sans compter la syntaxe anglaise du conseil : au lieu de dire "C'est par là que vous trouverez le supermarché", on dit "Vous voulez prendre ce chemin pour arriver au supermarché".
Je m'arrête là pour ces considérations - Photoshop et mon devoir de médias modernes m'attendent toujours de pied ferme.
Je félicite aussi Clémence pour sa réactivité à taper dans l'entrejambe de son agresseur ! Plus besoin d'avoir peur en rentrant le soir !
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3 commentaires:
frightening
tu vois Clémentine que tu peux remercier le Seigneur de t'avoir doté d'un tel argument musculaire ! God bless your muscles ! alleluia !
Chouette alors ca devrait aussi marcher pour moi !
Je crois que je vais appliquer le "NO !" dans les rondes de Capoeira ca fera sensation j'en suis certaine.
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